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154 éléments trouvés pour «  »

  • L'Observatoire garde le cap sur les services consacrés aux PVVIH et aux populations clés

    L'année 2024 démarre en trombe. Malgré vents et marées l'Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH) continue son plaidoyer pour un meilleur service sans discrimination ni stigmatisation aux Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH). En trois ans d'activités intenses sur le terrain, les résultats enregistrés ont fini par donner aujourd'hui à l'OCSEVIH une certaine notoriété dans la lutte contre le VIH. Les partenaires et organisations de PVVIH et de populations clés (PC) s'accordent tous à affirmer que cet outil vient renforcer cette lutte. Toutefois, la situation sécuritaire à laquelle fait face le pays donne un sérieux coup à l'élan de cette structure, notamment au travail des coordonnateurs et des moniteurs, dans la collecte de données. Ces obstacles viennent s'ajouter aux défis déjà existant avec les prestataires de services qui, souvent, refusent de s'ouvrir aux renseignements pour faciliter toute collecte de données. Un grand défi à relever En ce nouvel an qui vient de s'ouvrir, la stigmatisation demeure un défi majeur pour les efforts de prévention dans les programmes liés au VIH. L'ampleur de la stigmatisation et de la discrimination dont sont victimes les PVVIH et les PC constitue le facteur le plus en relief dans la prise en charge des personnes qui mènent une vie positive dans notre société. Les résultats de l'enquête, EMMEUS VI publiée en 2018, avaient révélé que 38.8% de la population ne souhaiteraient jamais s'afficher avec un PVVIH bien que l'information sur le VIH soit répandue largement dans la population. Notons que plus de 7 adultes sur 10 (74.3%) ont déclaré qu'ils n'achèteraient pas des légumes frais d'un commerçant ou d'un vendeur VIH positif et 70.5% et 72.7% ont respectivement déclaré qu'elle n'utiliserait pas les mêmes toilettes et les mêmes ustensiles de cuisine avec un PVVIH. Près de sept personnes adultes sur 10 (67.4%) ont déclaré qu'ils n'embaucheraient pas un PVVIH. Aujourd'hui, ces chiffres montrent combien est important le travail de l'Observatoire communautaire des services de VIH (OCSEVIH) pour inverser la tendance et changer les mentalités. Cependant, l'accès à l'information dans les sites de service reste un défi majeur pour les coordonnateurs et les moniteurs de terrain impliqués dans la collecte des données pour combattre la discrimination et la stigmatisation dans les services aux PVVIH. Plus que jamais, cette lutte reste encore ouverte et demande plus de détermination des acteurs sur le terrain pour enrayer cette pratique. Tout compte fait, notre Newsletter continue de faire écho des activités de Plaidoyer de l'OCSEVIH qui a enregistré, en très peu d'années, des résultats jugés satisfaisants des partenaires et des organisations de PVVIH elles-mêmes. Pour le numéro du mois de Janvier 2024, la rédaction donne la parole aux partenaires pour témoigner de l'efficacité de ce nouvel outil dont l'existence remonte à l'année 2020. Bonne Lecture !

  • CEDREF : des jeunes au service de la cause des PVVIH

    La riposte au VIH/Sida en Haïti n'est pas seulement l'affaire des adultes, les jeunes s'impliquent largement dans cette lutte permanente. C'est le cas du Centre de débats, de recherches et de formation (CEDREF). Cette association de jeunes est actuellement l'un des maillons qui permettent à la chaîne de l'Observatoire des services VIH en Haïti (OCSEVIH) d'être complète. Membre du Forum de la société civile, cette organisation s'engage amplement dans les travaux de l'OCSEVIH. Cet engagement, soutient John Joseph, membre fondateur et directeur exécutif de CEDREF, est un devoir. Pour lui, " contribuer au travail de l'Observatoire est une manière de prendre part à la lutte pour atteindre les objectifs 95-95-95* d'ici 2030 ". Une lutte qui, selon lui, doit concerner tout en chacun. L'apport de CEDREF à l'OCSEVIH passe par plusieurs actions. " CEDREF s'implique dans tous les détails de l'Observatoire ", pour paraphraser le directeur exécutif de ladite institution. Implication " Nous participons dans les visites de solution. Au cours des tournées, les résultats des enquêtes sont présentés aux responsables des hôpitaux afin de les mettre au courant de la perception des patients face à la qualité des services de soins que leurs institutions fournissent et en faire des plaidoyers ", indique John Joseph. Par ailleurs, souligne-t-il, " les plaidoyers que nous faisons concernent le plus les soins relatifs aux PVVIH*. Stigmatisées, discriminées, ces personnes ont moins accès aux services de santé alors qu'elles nécessitent beaucoup plus d'attention de la part du personnel médical en raison de leur santé fragile ". Difficultés Malgré la fougue et la motivation des jeunes du CEDREF, ceci n'empêche pas certaines difficultés.  " Fort souvent, nous sommes frappés par un manque de ressources, ce qui rend le travail stressant, mais nos leaders trouvent toujours un moyen pour s'en sortir ", confie John Joseph. Ainsi, poursuit-il, " pour contourner ces difficultés, nous faisons en sorte d'utiliser tous les moyens possibles mis à notre disposition, et parfois, nous sollicitons même l'aide de nos partenaires techniques et financiers ". Fondé le 14 décembre 2014, CEDREF est une organisation de jeunes qui lutte pour un équilibre social en Haïti. Son objectif premier est de donner aux jeunes une nouvelle orientation pour mieux servir leur pays tout en leur permettant d'avoir une autre vision du monde dans lequel ils évoluent. Aujourd'hui, CEDREF représente l'organisation lead pour jeunes du Forum de la société civile. Avec le soutien de ces partenaires techniques et financiers dont la Fondation pour la santé reproductive et l'éducation familiale (FOSREF), le Forum de la société civile, le Comité de coordination multisectorielle des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en Haïti (CCM-Haïti), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), CEDREF organise, entre autres, des séances de formation pour les jeunes sur le VIH/sida, la violence basée sur le genre, la stigmatisation et la discrimination. Le président de la Fédération des organisations pour le renforcement et l'émancipation des jeunes (FOREJ), John Joseph, est l'actuel directeur exécutif de ladite institution dont le siège social se trouve au # 6, Fragneau ville 18, Delmas 75, Delmas, Haïti. Marie Juliane David mj.david@rhjs.ht Objectifs 95-95-95* : D'ici à 2025, 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 95% des personnes qui savent qu'elles sont séropositives au VIH ont accès à un traitement et 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. PVVIH * : Personnes vivant avec le VIH/Sida

  • OCSEVIH : Atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer pour 2023

    L'observatoire communautaire des services VIH en Haïti (OCSEVIH) a inauguré, le lundi 12 décembre 2022, à l'Hôtel Montana, " l'Atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer et la révision des outils de collecte de données pour 2023 ". Cet atelier qui s'est étendu sur trois journées consécutives, du 12 au 14 décembre 2022, est à sa deuxième édition. Réunis à la salle Acajou, plusieurs représentants d'organisations membres et partenaires de l'OCSEVIH, une vingtaine environ, ont pris part à cette activité. La rencontre s'est déroulée à la fois en ligne et en présentiel. Pour la coordonnatrice de l'Observatoire, Sœurette Policar Montjoie, cet atelier est un moyen pour les membres de l'OCSEVIH de réviser les travaux effectués pendant la deuxième année et aussi de prendre connaissance des différentes requêtes recueillies par l'équipe de terrain pendant la collecte des données avant d'entamer la troisième année en janvier. En outre, reconnait-elle : " nous avons fait un travail de titan et aujourd'hui, nous pouvons en être fière. Notre Observatoire est le premier CLM* qui utilise la plateforme COMCARE pour faire la collecte de données qualitatives ". Dans leur allocution de circonstance, les représentants d'organisations partenaires présents à l'atelier ont tour à tour félicité l'OCSEVIH pour sa détermination et le travail accompli tout en renouvelant, à côté de leurs attentes, leur support pour la troisième année. Une réponse communautaire au VIH Le directeur pays du Programme commun des nations Unis sur le VIH/Sida (ONUSIDA) en Haïti, Dr Christian Mouala, dans son discours, a insisté sur la nécessité d'une réponse communautaire au VIH pleinement reconnue, habilitée et dotée de ressources assistées, mais aussi durables. Par ailleurs, la directrice pays de Housing Works, Dr Eva Stéïde, plaide pour des actions pertinentes visant à présenter nos compatriotes résidant à l'étranger, surtout les PVVIH, sous un autre jour. Selon ses dires, dans plusieurs pays étrangers, les communautés haïtiennes sont souvent vus comme les plus infectés par le VIH/Sida. Pour sa part, le président du Forum de la Société civile, Dr Fritz Moïse, réitère une fois de plus son engagement à accompagner l'Observatoire jusqu'au bout dans sa démarche visant à obtenir des meilleurs soins de santé pour les PVVIH dans les sites de prise en charge. Des membres de l'équipe de terrain de l'OCSEVIH dont Sadrack Rateau, le représentant du département du Nord, et Jacques Georges Casimir, le coordonnateur de terrain pour l'Ouest, ont également pris part à l'atelier. Les objectifs phares de ces trois journées de travail ont été d'abord de trouver un accord sur les priorités de plaidoyer pour 2023 qui guidera, selon Mme Montjoie, le programme de la Surveillance dirigée par la communauté (SDC) et la rédaction du People's Cop ; ensuite de faire la révision des outils de données qualitatives et quantitatives de la collecte de données afin d'apporter des solutions et de pousser les responsables à s'engager formellement ; et enfin de créer un comité de suivi pour le partage des trouvailles urgentes avec les parties prenantes. La deuxième édition de l'atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer de l'OCSEVIH est possible grâce au support technique et financier de plusieurs partenaires, entre autres, Housing Works, ONUSIDA, le Forum de la Société civile, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Fondation panaméricaine de développement (PADF), l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), O'Neill Institute for National and Global Health Law. Marie Juliane David mj.david@rhjs.ht

  • L'OCSEVIH continue son plaidoyer pour améliorer la qualité des services au PVVIH

    L'observatoire communautaire des services VIH s'est encore entretenu avec plusieurs représentants d'organisations membres et partenaires à travers un atelier organisé durant trois journées consécutives dans un hôtel à Pétion-Ville soit du 12 au 14 décembre 2022. Cet atelier vient renforcer le travail de communication nécessaire pour continuer à informer les institutions associées sur les données collectées sur le terrain. Cette rencontre a été l'occasion aussi pour les partenaires de réviser les outils toujours dans la perspective d'améliorer la qualité des services aux PVVIH dans les cliniques et les hôpitaux partenaires. Apporter des solutions immédiates aux problèmes rencontrés lors des prestations de services reste un élément fondamental pour lutter efficacement contre la propagation du VIH. Ce Travail de Titan réalisé par l'Observatoire montre une fois de plus la détermination de la communauté en général à garantir le droit à la vie des personnes infectées et affectées par le VIH. Ces données collectées dans plusieurs régions du pays où les services sont disponibles aux PVVIH devraient aider à augmenter le taux de rétention des Personnes vivant avec le virus aux médicaments et aux soins. Plusieurs PVVIH ont menacé d'abandonner les visites compte tenu de la discrimination et la stigmatisation dont elles sont victimes par ceux-là mêmes qui sont chargés de les accompagner. L'efficacité dont fait montre l'OCSEVIH est essentielle pour la survie des PVVIH et le plaidoyer doit continuer en faveur des minorités qui ont besoin de soins de qualité mais encore d'une tranquillité d'esprit sans être victimes d'agression de toute forme à cause de leur choix. Pour ce mois de décembre, la Rédaction de notre Newsletter garde les projecteurs fixés sur le travail de l'observatoire communautaire des services au VIH et son plaidoyer en faveur des minorités. ET/ Rédacteur en chef

  • Foyer Lakay Jèn Plus au rendez-vous des arts et de l’artisanat

    La recherche de l'art est un besoin constant pour l'homme. Dans son environnement et dans son décor quotidien, il recherche cette source de plaisir qui lui procure de la satisfaction. Au lancement officiel de Foyer Lakay Jèn Plus, à l'hôtel Marriott, le public a pu découvrir les réalisations d'une pléiade d'artistes et d'artisans. La grande première de Foyer Lakay Jèn Plus (FOLAJ +), une association créée par madame Marie Dominique Beauzil, une vieille routière dans l'encadrement des jeunes, a placé son entrée dans le paysage de la société civile haïtienne sous le signe de la culture. Elle a mobilisé à l'hôtel Marriott, le samedi 23 septembre 2023, des talents qui ont donné leur mesure. Le tour de force de Marie Dominique Beauzil, directrice executive, fondatrice de FOLAJ + était de réunir dans une même enceinte les représentants du ministère de la Santé publique et de la Population, ceux de l'Organisation mondiale de la santé, des ONG, des acteurs de diverses associations de la société civile comme GU, PANOS, FOSREF, GHESKIO, AFHIAVIH, CONDPI, ONUSIDA, pour ne citer que ceux-là. Ils ont pris la parole pour saluer ce nouveau né dans le paysage d'Haïti qui se donne pour mission  : " créer un espace d'encadrement adéquat pour les jeunes PVVIH, les OEV et ceux de la communauté afin qu'ils s'émancipent à la création d'une société égalitaire et inclusive. " Ces jeunes ont du talent L'assistance au Marriott a posé un regard sensible sur des comédiens de FOSREF. Sur scène, ils ont présenté un sujet poignant autour vih/sida. L'art et l'artisanat étaient aussi à l'extérieur de la salle. À l'entrée, un autre décor exprimait le talent des jeunes d'une autre manière. Posés sur des chevalets, des tableaux de jeunes peintres encadrés par les moniteurs de l'atelier de création de Folaj + donnaient à voir Haïti dans sa quête de bien-être, d'art de vivre et aussi ses bégaiements dans l'histoire contemporaine. Parole aux représentants des institutions Devant autant de talents, le représentant de Georgetown university, Sébastien Laviolette, a adressé ses félicitations à GIPA et à AFHIAVIH pour le travail réalisé avec ces jeunes. Madame Marie Dominique Beauzil a présenté Folaj + en mettant l'accent sur sa mission, sa devise, sa vision, ses objectifs et ses valeurs.  «  Folaj+ est une structure regroupant des jeunes atteints du vih/sida au sein d'une même communauté en vue d'un meilleur encadrement et de soutien offrant aux jeunes un meilleur espace de rencontre, de formation et de discussion. Actuellement nous avons 346 jeunes : 217 jeunes infectés, dont 157 filles, 114 garçons et 76 affectés. « Devant ce travail de construction pour une société plus juste envers les jeunes, la représentante de l'Institut Panos, Dr Merlande Beauzil, a transmis l'engagement du numéro un de cette institution spécialiste des médias au service du développement, Jean-Claude Louis. La directrice de Konesans Fanmi, madame Marie-Antoinette Toureau, a eu ces mots : " Tout ce dont ces jeunes ont besoin c'est d'être encadré, d'être canalisé. À bien regarder, c'est un capital à exploiter. Dans la mesure où ils ne sont pas exploités positivement cela retournera contre nous, contre notre pays. " Le représentant du ministère de la Santé publique, Dr Steeve Smith, pour sa part, a suggéré ces conseils :" Soyez responsables envers vous-mêmes, envers le pays et vos pairs. " Le directeur de  la Fondation pour la Santé Reproductrice et l'Education Familiale (FOSREF), Dr Fritz Moïse, a promis d'encadrer ce nouveau né ouvert sur la création des activités économiques où les arts et l'artisanat se conjuguent au pluriel. Claude Bernard Sérant

  • Chantale brise la glace, un passé tragique ressurgit

    Les populations clés (Professionnels du sexe et LGBT) et les groupes vulnérables dont les femmes et les filles font face depuis des lustres à une pandémie dévastatrice, mais largement ignorée. Il s'agit de la violence basée sur le genre (VBG). Ce phénomène constitue l'une des violations des droits humains les plus répandues au monde, une crise sanitaire généralisée et meurtrière. Une femme sur trois, soit 736 millions, sera confrontée à des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. En Haïti, la situation est encore plus critique compte tenu de la prolifération des groupes armés qui veulent à tout prix occuper beaucoup plus d'espaces géographiques, économiques, politiques et sociales. Le viol reste donc leur principale arme stratégique d'intimidation.  Voici l'histoire de Chantale, un nom d'emprunt pour rester dans l'anonymat. Dix-sept ans plus tard, Chantale se souviendra du jour où elle a été kidnappée avec une cohorte de madan sara sur la route nationale No Un. Ce jour est resté gravé dans sa mémoire comme si c'était hier.  Dix personnes environ au nombre desquels le chauffeur du camion étaient emmenés dans une maison qui servait de cachette aux kidnappeurs. Ils étaient lourdement armés et menaçaient de buter tout le monde. Douloureuse tragédie. Ils ont passé trois jours qui ont paru une éternité dans une cellule aménagée pour leur butin. " On a été pillés, battus et les femmes violées ",  déclare Chantale, en écrasant une larme sur ses joues. Chantale avait besoin d'une oreille attentive pour épancher sa douleur, le micro d'un journaliste pour répandre urbi et orbi son histoire. Pour accomplir cette tache, nous nous sommes rendus à Cité Soleil, commune de l'arrondissement de Port au Prince, au Projet Drouillard, à Varreux 1. Cette section communale où se découpent 750 logements sociaux sous le ciel de la cité heurte les yeux et le nez à cause de son insalubrité. Madan Sara de sa profession,  mère de 4 enfants, Chantale s'approvisionne en vivres alimentaires à l'Arcahaie pour écouler sa marchandise au marché de Drouillard. Depuis la mort de Luc, son mari parti dans de tragiques conditions lors des turbulences politiques de 2004, la quinquagénaire s'attèle corps et âme à l'éducation de ses enfants. Avec le temps, chacun a fait studieusement sa route. Elle a même réussi l'exploit de doter sa famille monoparentale d'un médecin. Quelle fierté pour une femme poto-mitan ! Que reste-t-il des souvenirs ? Le passé de Chantale a des relents lancinants. 2006. 3 heures du matin. Un camion à bord duquel se trouvent dix personnes dont le chauffeur sur la route nationale  # 1 est détourné. Ce véhicule qui faisait cap sur Port au Prince est dévié manu militari de sa trajectoire. " On nous a conduit dans une petite chambre suffocante de chaleur. Il y avait parmi nous sept mères de familles. Nous avons vécu l'enfer ", se remémore-t-elle amèrement. Comment a-t-elle vécu cette expérience ? " Ce fut une très mauvaise expérience pour moi. J'avais 43 ans à l'époque. Mes trois aînés étaient déjà assez grands. Dans le cachot, je pensais à eux. Les kidnappeurs nous surveillaient. Ils étaient au nombre de cinq à faire des rondes. On avait cru qu'on allait pas sortir en vie dans cette situation de détresse ". Après un cours instant, elle reprend son souffle et redevient cette femme chaleureuse et accueillante. " Ils nous ont  libérés  trois  jours  plus  tard, vers 5h de l'après-midi. On a marché toute la soirée. Le lendemain, nous sommes arrivés exténués, mais en vie, sur la Route neuf ", dit-elle avec un ouf de soulagement thérapeutique dans sa voix. Mais que reste-il de cette nuit ? Le viol de ces nuits abominables a porté fruit. Chantal raconte : " Je suis allée voir, un peu plus tard les médecins. Ils n'ont dit que j'étais enceinte. J'étais enceinte et veuve à 43 ans ! " Le grand drame, bien des années plus tard, cette femme n'arrive toujours pas à dire à son benjamin qui est son père. Alors elle avait besoin d'une oreille empathique, d'un micro sensible pour raconter et se soulager et aussi pour dire à la face du monde Ô combien c'est douloureux le viol. Par sa foi chrétienne, elle  a essayé de surmonter ces épreuves :  " Même si j'ai conçu mon enfant dans un contexte difficile, la haine n'a pas pris le dessus. Je l'aime et le chérie comme mes autres enfants. C'est mon porte-bonheur. C'est le chouchou de la famille. " En dépit des efforts de sensibilisation, la violence basée sur le genre reste un véritable problème de santé publique. Beaucoup de personnes en sont victimes et les séquelles sont souvent difficiles à réparer. Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com

  • L'efficacité des TIC dans la lutte contre les violences basées sur le genre à Cité-Soleil

    L'usage des technologies de l'information et de la communication (TIC) à travers le monde est aujourd'hui incontournable. L'utilité, la nouveauté et la simplification que cet outil numérique apporte dans plusieurs domaines de la vie quotidienne relève de la magie d'un instrument rénovateur voire révolutionnaire. Selon le secrétaire général du Réseau Haïtien des journalistes de la santé (RHJS), Gladimy Ibraïme : " Les utilisateurs se servent des TIC pour communiquer.  Avec le digital, ils accèdent en un clic aux sources d'information multiples : texte, son, image, vidéo, interface graphique, pour ne citer que ces aspects du multimédia. Doté de ces atouts, une institution peut soulever le monde avec le levier des TIC, véritables outils de sensibilisation et de formation de masse pouvant être efficaces dans la lutte contre les VBG à Cité-Soleil. " Avec l'utilisation effrénée des téléphones Android, une belle opportunité s'offre aux acteurs humanitaires et organisations locales.  Ils pourront avoir recours à cet outil pour atteindre les publics cibles. Ce n'est pas Ibraïme qui dira le contraire.  " Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très prisés. En ce sens, il est de bon ton de les utiliser pour diffuser des messages de sensibilisation et de prévention contre les VBG, sur différents formats (texte, affiche, audiovisuel). D'autant plus, les réseaux sociaux donnent la possibilité de faire un ciblage intéressant " Pour avoir animé les ateliers de l'Organisation de lutte et de développement contre la pauvreté (ODELPA) autour de la violence basée sur le genre, Ibraïme  soutient que : " les TIC peuvent aussi aider à mettre en lumière les actions et initiatives positives qui vont dans le sens de la lutte anti-VBG. En ce sens, on peut encourager et montrer la voie à Cité-Soleil. Et pourquoi pas répliquer et adapter des stratégies qui ont déjà conduit aux histoires à succès ". Pour un usage responsable des TICs Ibraïme a profité de cette tribune pour tirer la sonnette d'alarme sur le mauvais usage des TIC. Aussi a-t-il exhorté les utilisateurs à ne pas mésuser de cette grande source d'information d'où l'on tire le pouvoir avec son côté lumineux et son contraire. " Par rapport à l'utilisation des TIC, le maître-mot est la responsabilité. En ce sens, j'encourage nos jeunes à cultiver une certaine éthique pour mieux jouir des avantages de cet outil qui se révèle une arme à double tranchant. " L'efficacité des TIC n'est plus à démontrer. " On peut utiliser cet instrument pour créer des activités génératrices de revenus. Par exemple : avoir une plateforme populaire peut rapporter de l'argent. Ce n'est un secret pour personne. De même que les TIC peuvent participer puissamment dans la lutte contre les violences basées sur le genre à Cité Soleil comme ailleurs. Et c'est pour cela que j'encourage l'ODELPA et ses partenaires à répliquer ses initiatives qui marchent sur le terrain. " Marie Juliane David julianedave@icloud.com

  • RCCDHA, une organisation au service des groupes vulnérables de Cité Soleil

    Le Rassemblement des citoyens conséquents pour le développement d'Haïti (RCCDHA) est une organisation à but non lucratif qui a vu le jour en 2003 à Cité Soleil, commune située au nord de Port-au-Prince. Dès sa création, le RCCDHA s'est donné pour mission de faire des plaidoyers en faveur du respect des droits de la personne humaine, le droit des femmes et des filles, a indiqué le coordonnateur général de cette association locale, Bazil David. Il a souligné la large contribution de son association au cours des vingt dernières années à la formation et à l'éducation des jeunes défavorisés de la commune. Du haut de ses deux décennies d'existence, M. Bazil souligne que l'organisation peut s'enorgueillir d'avoir également participé à des campagnes de sensibilisation visant un accès équitable de la santé à la population, sans tenir de son origine sociale, son niveau économique, sa religion, son sexe, etc. Le coordonnateur général du RCCDHA a déclaré : " Constatant les multiples difficultés auxquelles sont confrontées les citoyens du pays notamment ceux issus des quartiers populaires comme Cité soleil, nous avons pris l'initiative de créer le RCCDHA. Son objectif principal : aider ceux et celles qui ont des problèmes économiques et sociaux à trouver des voies de sortie. " David informe que le comité de direction de cette association est composé de neuf (9) personnes qui, selon lui, travaillent d'arrache-pied pour assurer la bonne marche de l'organisation. Il présente ainsi son organisation : " Aujourd'hui, nous comptons environ 400 membres, issus non seulement de Cité Soleil, notre zone d'intervention, mais également d'autres communes de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince et au niveau de la diaspora ". " Il n'y a pas vraiment une tranche d'âge pour intégrer le RCCDHA. Nous avons des enfants, des jeunes et des adultes dans notre sein. Le sexe, le niveau intellectuel importe peu pour nous ", a poursuivi le numéro 1 de l'organisation. La situation que connaît le pays ces dernières années n'est pas sans conséquences sur le bon fonctionnement de l'association, a relaté, M. Bazil. Plusieurs de ses membres ont été victimes de violences occasionnées par la guerre des gangs et certains sont contraints de laisser leur demeure pour s'installer ailleurs à la recherche d'une paix. Face à de pareils cas, que fait le RCCDHA ? A cette interrogation, le coordonnateur général de ladite association a soutenu : " Lorsque nos membres sont victimes de violence, nous ne restons pas indifférents à leur sort. Nous leur apportons notre soutien et notre accompagnement. Au RCCDHA, la santé mentale est aussi importante pour nous aussi bien que la santé physique ; c'est pour cette raison que nous offrons des services médicaux et psychologiques aux victimes, en collaboration avec d'autres partenaires ". Bilan et perspectives Le Père David a dressé un bilan positif et satisfaisant des activités de l'Association depuis sa création jusqu'à date. Aussi a-t-il souligné que le RCCDHA intervient dans plusieurs domaines particulièrement la santé, l'éducation et la promotion au respect des droits humains. Le leader communautaire a ajouté : " Nous avons passé près 6 ans à aider dans la distribution des médicaments contre la filariose lymphatique, cette maladie parasitaire tropicale endémique dans le pays qui se transmet par la piqure de moustiques infectés. Aujourd'hui, nous avons le Collège mixte Justin Juste qui fonctionne à Delmas 19. Cette école dispose d'un espace accueillant et paisible pour former des élèves du kindergarten à la 9ème année fondamentale. En ce qui a trait aux jeunes, dans le cadre de la mise en œuvre de partenariat avec d'autres institutions de la place, nous leur offrons des formations à caractère instructif et professionnel, en vue de leur autonomisation ". Le RCCDHA était heureux de pouvoir prendre part aux deux sessions de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et ses corolaires organisée par l'Organisation de Développement et de lutte contre la Pauvreté (ODELPA) pour des jeunes issus de Cité Soleil. " Comme vous pouvez le constater, notre organisation était fièrement représentée. Nous avions proposé une dizaine de bénéficiaires. Je parie qu'ils ont valablement vendu les valeurs et principes prônés par le RCCDHA ", a lâché fièrement ce défenseur des causes des plus faibles. Selon les données fournies par le responsable de cette association, le RCCDHA prend toujours plaisir à faire des heureux à l'occasion de la fête des mères, pour la rentrée scolaire et les fêtes de fin d'année. " Nous avons l'habitude de distribuer des kits hygiéniques, alimentaires et scolaires à nos membres à chaque fois que le besoin se fait sentir ", a fait savoir le coordonnateur. À cause des rivalités entre les groupes armés, plusieurs familles sont décapitalisées et le RCCDHA est fortement frappé par ce fléau. Certains membres ne peuvent plus continuer avec leur entreprise. Pour les accompagner, le comité de cette structure, souhaiterait dans les jours à venir trouver un organisme pouvant leur octroyer des prêts à faible taux d'intérêt. Témoignages d'un membre Bony Donlove, un jeune garçon de 23 ans, habitant à Terre noire, un quartier de Cité Soleil, est membre du RCCDHA depuis un an. " Depuis que je suis membre du RCCDHA, je vois la vie d'une autre manière.  Avec cette organisation, je crois que la jeunesse est l'avenir du pays étant que tel je dois me comporter comme un leader dans ma communauté ", témoigne-t-il. " Grâce à la structure, j'ai pu participer à plusieurs formations. Lors des catastrophes naturelles, les responsables ont l'habitude de distribuer des kits hygiéniques aux membres ", a confié Bony. Selon lui, l'insécurité impacte grandement l'agenda de l'organisation, il souhaite de tout cœur qu'il y ait plus de fonds disponibles pour que les projets et les objectifs fixés soient atteints. Notons que le siège social du RCCDHA se trouve actuellement à Delmas. L'organisation détient pour l'instant quatre bureaux régionaux répartis dans les Nippes et le Plateau central, notamment. Le RCCDHA a aussi une représentation aux États-Unis d'Amérique avec pour tâche d'assurer les démarches internationales visant l'avancement de l'organisation. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com

  • Des jeunes PVVIH regroupés en association pour défendre leur droit

    Foyer Lakay des jeunes " FOLAJ+ ", C'est le nom d'une nouvelle association composée de 271 jeunes PVVIH âgés entre 15 et 24 ans, portée sur les fonts baptismaux, le 23 septembre 2023, à l'hôtel Marriott.  L'annonce de la création de ce regroupement de jeunes PVVIH a été faite quelques jours plus tôt, par Dr Nancy Rachel LABBÉ, directrice Pays de Georgetown University, l'une des institutions initiatrices de ce mouvement. C'est dans le cadre d'une journée de réflexion sur l'intégration des jeunes dans la lutte contre le VIH et la réalisation des ODD, réalisée le 12 septembre 2023, à Kinam Hôtel, que le message a été pour la première fois communiqué au public. Cette activité a été organisée par la Fédération des organisations pour le renforcement et l'émancipation des jeunes (FOREJ) en partenariat avec la Fondation pour la Santé Reproductrice et l'Éducation Familiale (FOSREF) et le programme commun des Nations-Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). C'est au cours de cet événement que Dr Nancy Rachel Labbé a expliqué à l'assistance toute l'importance de cette association dans l'élimination des nouvelles infections liées au VIH dans le pays, par le renforcement des campagnes de plaidoyer en faveur du respect des droits des PVVIH, les jeunes en particulier. Les jeunes, véritables victimes du VIH en Haïti Sara, 19 ans, est une jeune fille vivant avec le virus du sida depuis sa naissance. Elle a hérité de ce virus de sa mère infectée. Malheureusement, cette dernière n'a pas été prise en compte dans le cadre du programme de prévention de la transmission du vih de la mère infectée à son enfant (PTME). Alors que Sara était encore une adolescente de 14 ans qui jouissait aux côtés de ses parents et de ses amis, tout le privilège que la nature lui offrait, elle allait recevoir, en pleine figure, une nouvelle qui allait complètement bouleversé sa vie. Un matin d'août 2018, les journées des vacances d'été sont sans fin pour une fillette toute heureuse qui accompagne sa mère au marché de Titanyen, village d'Haïti, situé au nord de la Capitale, Port-au-Prince, à environ huit kilomètres de la commune de Cabaret. Là-bas, sa mère engage une vive discussion avec une vendeuse. Excitée, la poissonnière lui demande d'aller au diable avec sa " bête ", expression discriminatoire pour qualifier une personne vivant avec le virus du sida. " Au lieu de venir tout bonnement te mêler de mes affaires, pourquoi ne pas avouer à ta fille qu'elle a aussi la petite bête ", lâcha-t-elle, furieuse. " C'était un coup dur pour moi, en apprenant de cette façon que j'étais séropositive. J'avais au même instant, perdu le contrôle de moi-même. C'est comme si j'étais automatiquement devenue un zombi, un ossement desséché. J'avais voulu mettre d'un coup un terme à ma vie ", se souvient celle qui est devenue aujourd'hui, une belle et élégante jeune fille. Depuis sa tendre enfance,  Sara supporte avec ménagement une santé fragile.  Sa  maman  lui  disait  toujours  qu'elle  souffrait  d'une  maladie chronique qui l'oblige à prendre régulièrement des médicaments, si elle souhaite vraiment rester en vie. Quelle était la véritable raison de son régime thérapeutique au quotidien ? Rien ne lui a pas été révélé. Aujourd'hui, elle raconte : " J'étais sidérée en apprenant la nouvelle. J'étais furieuse contre ma mère pour m'avoir caché une telle vérité pendant tout ce temps. J'ai beaucoup pleuré. Je voyais la mort en face. " Grâce à un appui psychosocial qu'elle a reçu dans un Centre de prise en charge des patients VIH positifs de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, l'adolescente commence peu à peu à reprendre confiance en elle-même. Elle respire. Aussi, participe-elle régulièrement dans des groupes de soutien organisés par la Grande implication des personnes infectées et affectées par le VIH, GIPA. Ces activités lui permettent de remonter la pente et de vaincre du même coup son déni lié à la maladie. Celle qui a tenté de mettre fin à sa vie au moins une dizaine de fois, après avoir su qu'elle est infectée, aujourd'hui est devenue une jeune femme épanouie et confiante. " Vous me voyez ?  Pensez-vous que je suis une personne malade ?  Pas du tout ", soutient-elle fièrement. Sara est devenue depuis bien des temps, indétectable. Sa charge virale (le taux du VIH dans son sang), est diminuée d'une manière considérable qu'elle ne peut plus transmettre le Virus à d'autres personnes, pourvu qu'elle continue à respecter son régime thérapeutique lié aux antirétroviraux, ARV. " Je suis jeune. J'ai beaucoup de rêves, en dépit de ma séropositivité. Mon plus grand rêve est d'entamer une étude en médecine afin de devenir une activiste dans la protection de droits humains et dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les PVVIH comme moi, surtout dans les milieux sanitaires ", souhaite-t-elle avec une confiance indéfectible que l'on peut lire sur son visage. C'est dans le but de pouvoir commencer à concrétiser certains de ces objectifs que Sara a accepté de faire partie des membres fondateurs du FOLAJ+, présenté au grand public le 23 septembre dernier. En effet, d'où est venue l'idée de mettre sur pied "FOLAJ+" ? Appelé autrefois "Club des champions", le Foyer Lakay des Jeunes est une association qui regroupe actuellement près de 300 jeunes infectés et affectés par le VIH/SIDA au sein de la population. FOLAJ + est en fait un lieu de rencontre, de formation et de discussions pour ces jeunes. Pour leur épanouissement et leur autonomisation, ces jeunes ont déjà reçu, au cours des 9 derniers mois, des formations en cosmétologie, carrelage, peinture sur tissu, maroquinerie, pour ne citer que ces métiers-là.  Ces sessions de formation sont soutenues par Georgetown University, un programme de recherche autour des meilleures stratégies à adopter dans la riposte contre le VIH/sida en Haïti. Dr LABBÉ s'estime heureuse de constater, en si peu de temps, le degré d'épanouissement et le niveau de leadership de ces jeunes. Elle souhaite qu'à l'avenir, certains d'entre eux puissent accumuler assez de courage pour accepter de dévoiler par eux-mêmes, leur statut sérologique. " Ce sera un bon pas dans les efforts visant l'implication effective des associations de PVVIH dans la lutte pour le continuum de prise en charge et de traitement et pour l'élimination d'ici à 2030, des nouvelles infections à VIH dans le pays ", a-t-elle conclu. Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com

  • L'équipe conjointe des Nations-Unies en retraite pour deux journées de réflexion sur le VIH/SIDA

    Une quarantaine de personnes représentant le Gouvernement haïtien, les Organisations de la société civile, les Agences du système des Nations-Unies, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé de la santé et les organismes humanitaires, ont pris part ce mercredi 27 septembre 2023, à une journée de retraite de l'équipe conjointe des Nations-Unies sur le VIH/SIDA. Cette activité annuelle dans la deuxième ville du pays, Cap-Haitien, vise, d'une part, à faire le bilan de la situation de la maladie dans le pays et, d'autre part, à décliner ensuite les perspectives d'avenir en vue d'atteindre les objectifs des trois 95, d'ici à 2030. Avec ses partenaires, l'ONUSIDA,  coordonnant les activités des Agences des Nations-Unies dans la riposte contre le VIH/SIDA, s'est fixé en 2015 comme objectif à l'échelle mondiale, que 95% des personnes séropositives soient diagnostiquées, 95% des personnes séropositives aient accès aux médicaments antirétroviraux et que 95% des personnes sous ARV, obtiennent une charge virale indétectable, d'ici 2023. C'est le directeur général du Ministère de la Santé publique et de la Population, Dr Lauré Adrien, qui a donné le coup d'envoi de la retraite. Dans ses propos circonstanciels, l'obstétricien-gynécologue a insisté sur l'importance de tous les secteurs de la vie nationale et internationale. À travers le prisme du faisceau des volontés, il enjoint toutes les parties à se concentrer vers un seul et même objectif : réduire considérablement les nouvelles infections à VIH dans le pays, d'ici 2030. À l'assistance réunie dans la Cité christophienne, Dr Adrien a déclaré sur ton rassurant : " Je pense que cette retraite est une excellente occasion pour les différents acteurs de se positionner sur les grands défis dans la lutte ". Chemin faisant, il a souligné l'importance pour les acteurs de se réunir autour d'une même table et de sortir avec un consensus à l'appui. " Ces réalités nous poussent aux questionnements sur la possibilité d'atteindre nos objectifs prévus ", a-t-il indiqué tout en soulignant qu'il faut garder l'espoir que vaincre la maladie, d'ici à 2030, est toujours possible. Et comment ce défi serait-il possible ? Le secret, pour lui, tient dans ces mots qui lui revient comme une incantation à chaque prise de parole : " Il faut que tous mettent la main à la pâte pour renverser la tendance et atteindre les objectifs fixés. " Rôle de la société civile dans cette retraite Lors du lancement de la retraite de l'équipe conjointe des Nations-Unies sur le VIH en Haïti, le président du Forum de la société civile de lutte contre   le   Sida,   Dr   Fritz   Moïse,  a  frappé  fort  quand  il  a  dit  dans une formule qui fait mouche : " Une société civile dynamique reste au cœur de la riposte au VIH en Haïti. " Plus loin, il a capté l'attention par ce rappel : " Depuis le début de l'épidémie, la société a toujours joué un rôle capital dans la lutte contre l'infection à VIH dans le pays. Aujourd'hui encore, en dépit de certaines contraintes, nous sommes encore plus renforcés pour poursuivre la voie vers l'élimination de la maladie ". Dr Fritz Moïse, en défenseur des droits des populations clés et des groupes vulnérables, a insisté sur le fait que la société civile a une place de choix dans cet atelier de deux jours. La mine réjouie, il jubile : " Je suis content que tous les secteurs de la société civile, PVVIV, LGBT, Jeune, femme, religieux, secteur médical, médias, professionnels du sexe, ONGs locales,  soient bien représentés. « Faisant également office de directeur exécutif de la Fondation pour la santé reproductive et l'éducation familiale (FOSREF), le médecin dit espérer que, - durant  ces deux jours de réflexions -  sortiront de grandes décisions à la base de la lutte tournée vers une amélioration tout à fait palpable. L'ONUSIDA réaffirme son engagement dans la lutte Dans le cadre de cette retraite, l'ONUSIDA, en cheville ouvrière, coordonne les activités de riposte contre le VIH des différentes agences des Nations-Unies. Avec d'autres partenaires, notamment techniques et financiers, l'institution onusienne a réaffirmé sa détermination de rester aux côtés du gouvernement haïtien dans la mise en œuvre de ses stratégies de réponse à la maladie.  Aussi, le directeur pays du programme commun des Nations-Unies sur le SIDA, Dr Christian Mouala, s'accorde-t-il à dire que de tels résultats ne pourraient pas être obtenus sans l'implication effective de tous les secteurs, la société civile, en particulier. Pour mieux faire valoir ses idées, le médecin a mis en avant l'intérêt capital de l'ODD 17 qui s'avère un élément clef dans l'atteinte des objectifs de développement durable. Cet objectif promeut des partenariats efficaces entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile. Selon lui, ces partenariats doivent être inclusifs, construits sur des principes et des valeurs communes. Aussi, doivent-ils placer les peuples et la planète au cœur de leur préoccupation. Dans son costume de représentant de l'ONUSIDA, Dr Mouala a ouvert la séance par ces mots : " J'espère qu'après cette journée de retraite, des initiatives innovantes entre tous les secteurs ici présents vont être prises en compte en vue de venir à bout du VIH dans le pays, d'ici à 2030 ". Louiny Fontal fontallouiny1980@gmail.com

  • SOFENOE, une association engagée dans la lutte contre les VBG à Cité-Soleil

    À Cité-Soleil, comme dans plusieurs autres coins de Port-au-Prince, les violences basées sur le genre (VBG) se conjuguent au quotidien. Pas un jour ne se passe sans un nouveau cas de viol, de kidnapping ou de meurtre rapporté. Face à la montée des violences dans le pays, les femmes sont les premières victimes notamment les professionnelles du sexe. Le climat d'insécurité que connait actuellement le pays empire chaque jour la situation de cette catégorie de travailleurs. La pauvreté et la misère déjà endémique dans ce grand bidonville forcent souvent plusieurs d'entre elles à accepter de travailler dans des conditions extrêmement dangereuses avec la présence d'hommes armés dans cette commune située au nord de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Pour accompagner ces professionnelles trop souvent victimes dans cette agglomération, l'association Solidarité Féministe pour une Nouvelle Émergence (SOFENOE) fait partie des organisations et associations qui luttent contre les violences basées sur le genre. La présidente de la SOFENOE, Mme Augusta Moïse Millien, nous parle du sens de la mission de son association dans le plus grand bidonville de Port-au-Prince. Attitude-Santé : Mme Millien, comment les VBG affectent-elles la vie des PS sur le territoire haïtien, surtout à Cité-Soleil ? Augusta Moïse Millien : Les VBG sont avant tout des formes de violence dirigées contre une personne en raison de son sexe ou de son identité de genre. Les femmes, surtout les plus vulnérables (les PS), sont les plus touchées. Fort souvent, dans leur travail quotidien, elles rencontrent des clients agressifs, arrogants et même abusifs ; sans oublier des bourreaux, des psychopathes qui font tout pour les dévaloriser, les humilier en les infligeant parfois des traitements inhumains. Attitude-Santé : Cité-Soleil fait partie des zones rouges du pays à cause de la guerre des gangs et les violences. Beaucoup de cas de violences basées sur le genre : viols et autres y sont rapportés. Comment la SOFENOE s'y prend pour lutter contre les VBG dans cette région ? Augusta Moïse Millien : Pour s'y prendre, nous réalisons des séances de formation assidues sur les VBG pour les jeunes de la région. Dans notre dernière formation en date, remontant au 30 mars 2015, nous avons réuni trois cent cinquante (350) jeunes de Cité-Soleil. Ils ont été ormés et sensibilisés sur les VBG et les moyens  de  les  combattre  au sein de leur communauté. Attitude-Santé : Mme Millien, pouvez-vous nous parler un peu de la SOFENOE ? Sa mission ? Augusta Moïse Millien : La SOFENOE est une organisation féministe qui vise l'émancipation des femmes vulnérables de la société haïtienne, les professionnels du sexe (PS) surtout. Notre mission principale est d'encadrer et de sensibiliser les femmes vulnérables qui se trouvent dans des situations difficiles, de leur donner des formations nécessaires pour une émergence totale et la lutte contre les VBG. Pour répondre à notre mission sacro-sainte, nous nous donnons plusieurs objectifs. Nous avons un objectif général et des objectifs spécifiques. Au sein de la SOFENOE, notre objectif général est d'encadrer les PS. À côté de cela, nous avons cinq objectifs spécifiques qui sont : accompagner les femmes vulnérables (les PS) ; former les femmes vulnérables dans le cadre de la défense de leurs droits et de la lutte contre les VBG ; conscientiser ces femmes-là autour de leurs potentialités ; renforcer leur estime de soi et lutter pour le respect de leurs droits fondamentaux et inaliénables. Champ d'action de la SOFENOE Attitude-Santé : À part les points importants que vous venez de citer, quels sont les principaux domaines d'intervention de la SOFENOE ? Augusta Moïse Millien : Pour rester fidèle à sa mission et ses objectifs, la SOFENOE intervient dans un champ d'action précis. Notre champ d'action reste et demeure l'accompagnement des femmes vulnérables (PS). Nous les accompagnons à travers diverses séances de formation, surtout dans le respect et la promotion de leurs droits comme personne à part entière. Nous organisons également des séances de formation sur les VBG, les infections sexuellement transmissibles (IST) et l'estime de soi. Nous assistons également ces femmes dans le cadre de leurs besoins. Pour rehausser le domaine de notre intervention, nous avons mis sur pied avec nos faibles moyens une école professionnelle, question pour nous d'accompagner les femmes vulnérables, mais également leurs enfants. C'est ainsi qu'on les procure un métier. L'année dernière, nous avions gradué environ quatre-vingt (80) jeunes et cette année nous venons de graduer une soixantaine environ. Désormais, ces jeunes-là ont un métier et sont prêts à investir le marché du travail ; du même coup la SOFENOE mène un combat contre la délinquance juvénile. C'est ce que nous pouvons offrir à notre chère Haiti. La SOFENOE s'enorgueillit Attitude-Santé : Bonne idée pour Haïti. Venons à d'autres réalisations de la SOFENOE dans votre champ d'action. Augusta Moïse Millien : Une organisation qui se respecte doit avoir un champ d'action, au sein duquel, des réalisations. La SOFENOE peut s'enorgueillir sur un ensemble de réalisations. Parmi ces dernières, citons, entre autres : formation des femmes vulnérables (PS) dans divers départements du pays : l'Ouest, le Sud, le Nord et le Centre. Nous avons fait des plaidoyers au profit des femmes vulnérables (PS) dans le département du Centre ; des séances de formation assidues sur les VBG ; une formation à Cité Soleil réunissant 350 jeunes en date du 30 mars 2015, etc. Attitude-Santé : En tant que présidente de la SOFENOE, qu'est-ce qui vous inspire de la satisfaction ? Avez-vous récolté des témoignages ? Augusta Moïse Millien : Je peux dire que les séances de formation et de sensibilisation nous apportent beaucoup de succès, car nous avons des témoignages de ces femmes, une fois qu'elles fréquentent la SOFENOE, n'acceptent plus la bastonnade de leur conjoint ; si cela arrive, elles disent qu'elles vont à la SOFENOE... Attitude-Santé : Dans la vie tout ne roule pas comme sur des roulettes. Avez-vous rencontré de difficultés dans la mise en œuvre de la mission de SOFENOE ? Augusta Moïse Millien : Les difficultés sont nombreuses. Dans la mise en œuvre de sa mission, la SOFENOE a besoin du support de plusieurs instances étatiques dont le pouvoir judiciaire, mais parfois ces instances ne réagissent pas à temps ou assez. Souvent, elles demeurent passives. Ce qui rend difficile notre tâche. Propos recueillis par Marie Juliane David

  • Cérémonie de collation d'une soixantaine de diplômés de SOFENOE

    Une cérémonie de graduation de SOFENOE école professionnelle a regroupé, le dimanche 17 septembre 2023, au Karibe Hôtel, une soixantaine d'étudiants en cosmétologie, carrelage, informatique bureautique, sérigraphie et  chimie industrielle. Ces jeunes formés dans plusieurs disciplines ont reçu, leur parchemin. Ainsi, ce dernier acte atteste la fin de leur cycle d'étude de neuf mois. Dans un décor agrémenté pour la circonstance, la salle de spectacle a réuni des partenaires de Solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFENOE), les membres du conseil administratif de l'école, le corps professoral, les invités d'honneur, les parents et proches des gradués. La cérémonie s'est déroulée en présence du directeur pays de l'ONUSIDA en Haïti, Dr Christian Mouala, de la directrice pays de l'Agence adventiste de Développement et de Secours (ADRA), Mme Myrlaine Jean Pierre, des membres du comité de coordination multisectoriel du Fonds Mondial en Haïti (CCM), et du président du Forum de la société civile de lutte contre le VIH, qui a suivi l'évènement en ligne. Hommage posthume à Laurette Dorvilus, une femme courageuse C'est dans une atmosphère solennelle du Karibe que la directrice exécutive de Solidarité féministe pour une nouvelle émergence, Mme Louise Augusta Moïse, a fièrement déclaré : " Baptiser cette nouvelle promotion de SOFENOE école professionnelle, Laurette Dorvilus, est une façon de rendre hommage à cette courageuse jeune femme qui a subi le martyr et les violences basées sur le genre, tout au long de sa vie. " Elle a fait savoir que Laurette Dorvilus était une jeune femme qui avait découvert sa séropositivité au début des années 80. À cette période critique, l'ignorance de la population, le manque de connaissance du personnel médical par rapport à cette nouvelle maladie, contribueront à la stigmatisation et à la discrimination des personnes infectées. En outre, l'inexistence de médicaments pour lutter efficacement contre cette nouvelle épidémie rendait encore les choses plus difficiles pour cette catégorie dont faisait partie Laurette Dorvilus. Brisée, humiliée, maltraitée par son mari qui l'avait infectée quelques années plus tôt, Laurette devait tout faire pour répondre à ses besoins ainsi qu'à ceux de sa fille unique. Elle mènera une lutte acharnée pour améliorer ses conditions de vie en prônant l'excellence jusqu'à ses derniers jours. Les propos de Mme Louise Augusta Moïse sont touchants : " Comment ne pas prendre comme modèle le courage et la volonté de vivre de cette grande dame ? Trop souvent on cherche très loin des modèles, pourtant nombreux sont là, sous nos yeux. On les ignore.  Je vous invite à méditer sur cette triste et belle histoire de Laurette. Une histoire qui peut être similaire à celle de beaucoup d'entre vous, ici présents, mes chers récipiendaires. " Par ailleurs, elle a présenté le centre éducatif comme un projet qui vise à tracer une voie significative vers l'autonomisation des professionnels du sexe (PS). Elle a fait savoir également que ce centre participe au développement économique des personnes infectées et affectées par le vih tout en mettant le cap sur leur ascension sociale. Le parrain de la promotion, M. Gethro Charpentier, a salué le courage, le dévouement et la détermination de ses filleuls : " Dans un contexte de crise sociopolitique et économique auquel fait face Haïti de manière chronique, vous n'avez, à aucun moment durant le cycle de formation, baissé les bras aux turpitudes. Vous avez bravé tant de dangers, pour poursuivre vos rêves sans broncher. La cérémonie d'aujourd'hui est le premier résultat de tous ces sacrifices consentis. " Les gradués ont répondu à l'appel de leur parrain par la voix de la lauréate de la promotion, Rose Myrtha Joseph. Convaincue, elle a donné le ton : " Ce n'est pas le parchemin qui fera de nous des femmes et des hommes respectables, mais ce que nous en ferons après l'avoir reçu. " Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com

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